Les MMORPGs et l’expérience traumatique
Je suis un ancien joueur de Final Fantasy XI. Même si ce phénomène est particulièrement vrai dans ce jeu aux accents hardcore non dissimulés, il existe dans la plupart des MMORPGs. Les joueurs n’en parlent pas, ou plutôt, ne font pas exprès d’en parler. Les anciens frôlent parfois du doigt la vérité, mais elle est difficile à accepter.
Je parle de l’expérience traumatique sur les MMORPGs.
J’ai souvent été frappé, en parlant ou en entendant parler des joueurs de leurs souvenirs dans leurs jeux favoris, à quel point certains points étaient récurents dans notre mémoire collective. Mise en situation.
Situation 1 (anciens joueurs de FFXI):
- Hey, tu te souviens de notre descente à Ifrit’s Cauldron? Dans cette zone blindée de monstres horriblement chiants?
- Ah putain ouais, on était mort au moins vingt fois, j’avais perdu quatre niveaux et je m’étais retrouvé à poil…
- Je me rappelle, on avait galéré pendant six heures avant d’y arriver, haha.
- Et tout ça pour un bête rank de San d’Oria, haha.
Situation 2 (anciens de la Légion Étrangère):
- Tu te rappelle le jour où l’on s’est fait attaquer par les insurgés en banlieue de Jalalabad?
- Évidemment, c’est là qu’on a perdu le petit John…
- Touché à la jambe, je me souviens… On avait pas pu aller le tirer de là.
- C’était un brave gars, hein?
- Ca ouais, toujours là pour aider son prochain.
- Surtout pour ramasser le savon… Haha. Pardon.
- Haha…
Si la seconde situation est d’une mélancolie dramatique certaine, la première peut-elle vraiment être classée dans la catégorie des bons souvenirs? N’y a-t-il pas comme un point de ressemblance troublant entre les deux conversations? Pourtant, cette catégorie d’expérience perdure dans les mémoires des gamers.
Il faut bien l’avouer, en y réfléchissant, il s’agit dans beaucoup de jeu d’un mécanisme de gameplay, de développement social et d’immersion parfois très important. Les joueurs de MMORPGs ont tendance à chercher la difficulté, voir la punition. Je ne crois pas qu’il existe un autre média capable de provoquer autant d’acharnement face à la frustration et à l’échec chez ses utilisateurs.
Le concept est simple: le joueur est mis face à des objectifs extrêmement difficile, mais connus comme étant possibles. Chaque échec à un impact direct sur son personnage, voir sur sa personne physique. Et pourtant, il s’acharne. Il continue. Il sacrifie de son temps, parfois de sa santé, pour remplir son objectif virtuel. Il sait qu’il peut vaincre, qu’il peut dominer l’obstacle. Le groupe crée l’émulation, celui qui abandonne est un perdant, voir un lâche.
Et puis il y arrive enfin. La délivrance. L’orgasme. Il a triomphé de la machine, il a vaincu le sort, il a dépassé ses limites et transcendé son pouvoir sur le jeu. Bon, évidemment, maintenant, il va falloir payer les conséquences, virtuelles et réelles. Mais qu’importe, le plaisir est là. Ce moment restera dans sa mémoire, et il y repensera une larme à l’œil, la mélancolie au cœur.
« Oh oui, Maître, encore un coup de fouet… C’est si bon quand ça s’arrête…«
C’est étonnant que je me suis reconnu dans ce texte ^^ Peut-être est-ce que je suis un joueur assidu de WoW.
C’est vrai que passer 1,2 voire 3 mois sur le même monstre est chiant, on en a marre, on a envie que d’une seule chose : QU’IL CREVE CET ENFOIRE, QU’ON AILLE VOIR AILLEURS ! Combien de fois me suis-je dit : "Si ce soir on le tombe pas j’arrête" et au final on reste. Est-ce par sadomasochisme, par peur de perdre un réseau social ou tout simplement par lobotomie ? Quoi qu’il en soit la magie opère : on s’acharne, on perd du poids, on évite les amis le soir et arrive la délivrance : IL EST MORT CE CO***** !!!
On passe à l’instance, à ce qu’il parait le boss de fin est deux fois plus balèze …!
C’est marrant, ça ne m’arrive que sur du offline. Jamais dans les mmos. Mais article interessant. Bises. :]